À LA PÊCHE À LA BALEINE
Cette adaptation krapovienne du poème de Jacques Prévert peut se chanter sur l'air de "The Wellerman", chanson dont j'ai parlé ici.
Je ne manquerai d'interpréter musicalement et vocalement, un jour où j'aurai du temps, cette pochade dont la seule lecture me fait hurler de rire vu que je suis bon public... de moi-même ! ;-)
1
- À la pêche à la baleine
Tu devrais m'accompagner !
Ça me fait vraiment d’ la peine
De te voir glandouiller !".
Ainsi parlait le père,
Un jour qu’il était d'humeur noire,
A son fils le gars Prosper
Allongé sous l'armoire.
2
- Ta pauvre mère m'a pondu
Un drôle d’ouistiti !".
Prosper lui a répondu
Cette répartie :
- Pourquoi j'irai pêcher
Une bêt’ qui ne m'a rien fait ?
J’préfère à la maison
Jouer avec cousin Gaston !".
3
Alors dans sa baleinière
Le père est retourné
Voyager en solitaire
Loin de ce benêt.
Sur la mer démontée
Il fredonn’ du Gérard Manset ;
En préparant ses harpons
Il chante du Jacques Dutronc.
4
Pendant c’ temps à la maison
C'est l'heur’ du bouillon
Gaston qui fait tout d’travers
Fout la soupière par terre
- Cette soupe était très bonne !
Tempête la mère, mauvaise,
Gaston t’es aussi couillon
Que Godefroy d’ Bouillon !".
5
Quand soudain la porte s'ouvre
Et, tout ruisselant d'eau,
Comm’ s'il se trouvait au Louvre,
Médusé sur son radeau,
Le père revient hors d'haleine,
Portant sur son dos
Un magnifique fardeau,
Une énorme baleine.
6
C'est une bête comme on en voit peu
Car elle a les yeux bleus.
Le père la jette sur la table
Et déclare, lamentable :
- J'ai faim, j'ai soif ! J’ai les crocs !
Dépecez moi ça !
Toi, la mère, sers-moi une Kro
Et faites fissa fissa !".
7
Mais voilà Prosper qui se lève,
Se plante devant son vieux,
Le regard’ dans l’ blanc des yeux
Et se déclare en grève :
- Pourquoi je dépècerais
Une bête qui ne m'a rien fait ?".
Et d'un geste de colère
Il flanqu’ le couteau par terre
8(Passage drrrramatique)
La baleine s'en empare,
Se dirige vers le Père :
Juste le temps d'un éclair,
Elle le transperce de part en part !
- Épinglé le tonton !
Qu’il rigol’ le cousin Gaston.
Ça m’ rappelle un’ chanson
Sur la chasse aux papillons ! »
9
Voilà Prosper qui prépare
Une pile de faire-part
Et la mère toute marrie :
Elle n'a plus de mari.
La baleine, la larme à l'œil,
Voyant le foyer détruit,
Dit : « Je vais prendre le deuil :
J'ai fait une gross’ connerie !
10
Ils vont vouloir se venger
Et en moto-godille
Ils viendront m'exterminer
Moi et ma p’tite famille !"
Elle lance un rire inquiétant
Et quitte les endeuillés.
A la veuve, en passant,
Elle dit : « Madame, veuillez,
11
Si jamais on me demande
Dir’ que je reviendrai.
Qu'on s'assoie et qu’on m’attende
Juste une quinzain’ d'années
Quinze ans c'est pas très long
Et si l'on s'impatiente
Chantez-leur cette chanson
Réellement lancinante :
12 (ou reprise du 1)
"There once | was a ship | that put to sea
The name |of the ship | was the Billy O' Tea
The winds blew up, her bow dipped down
Oh blow, my bully boys, blow (huh)
Soon may the Wellerman come
To bring us sugar and tea and rum
One day, when the tonguing is done
We'll take our leave and go"
P.S. Nul doute que, la concomitance aidant, cela eût put illustrer le "Loustic" du Défi du samedi n° 816 dont j'avais oublié de consulter le thème samedi dernier ! (Comme quoi je peux quand même "arrêter des trucs" !).
N.B. Parmi les illustrations, il y en a trois qui sont dues au talent d'Aurélie Collard (1, 8 et 10), une à celui d'Henri Galeron (9) et Jean-Emile Rabatjoie nous a gratifiés de trois collages numériques (4, 7 et 8).