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Mots et images de Joe Krapov
texte d'atelier d'ecriture
17 janvier 2015

SALUT, VIEILLES BRANCHES !

DDS 333 branches

Dans le hamac le soleil te caresse
Tu t’ la coules douce tu te tournes les pouces
Tu y cultives le droit à la paresse
La flemme aiguë t’en fiches pas une secousse

Qu’il est donc doux de rester sans rien foutre
Tandis que tous s’agitent autour de vous
Davy Crockett affronte les hommes-loutres
Tandis que tous s’agitent comme des fous


Poil dans la main incroyabl’ comme tu glandes
L’hiver dehors envahit les jardins
Il y a du givre et d’la brume sur nos landes
Dans la ch’minée tu remets un rondin

Dans l’rocking chair c’est vrai qu' tu t’en balances
Du froid dehors, du gel sur le chemin
Poil dans la main, tu l’ regardes en silence
Et tu t’étonnes : c’est plus du poil c’est du crin ! 

 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 333 à partir de cette consigne

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10 janvier 2015

LE BAOBAB DE PAIMPONT

LE BAOBAB DE PAIMPONT

1
Pimprenelle s’est longuement
Pomponnée. Elle est désormais toute
Pimpante mais c’est en vérité une grande irres-
Ponsable !

Car ses co-
Pains sont sur le
Pont complètement allumés

Les chauds la-
Pins voudraient baiser l’anneau
Pontifical mais c’est là, galo-
Pins, 
Poncif ammoniacal ! Ou poudre de perlimpin-
Pin ! Et v’lan ! Passe-leur plutôt l’é-
Ponge au gars Francis ! Comme le chantait Fernand.

Mais c’est farce de turlu-
Pin sur le
Pont neuf où l’on dé-
Peint la réponse des emballés de papier cré-
Pon comme Cristo compte deux bien montés !

Pimprenelle et ron et ron Petit Pata-
Pon ! Tout le monde en
Pince pour elle sauf ce bougon de
Ponce Pilate qui lui a posé un la-
Pin : il se fiche de la meuf comme de Colin tam-
Pon : Il s’est
Peinturluré le front comme on fait à
Pondichéry : un point juste entre les deux yeux

Et puis il y a Aurore Du-
Pin et son allure
Pondérée de fumeuse de gros cigare (Hé ! George ! Ta cendr’ !)

Et aussi Arsène Lu-
Pin a l’air ca-
Pon qui détrousse tous les ru-
Pins et offre aux La-
Pons des sa-
Pins, des har-
Pons aux ra-
Pins et à Jean-Pierre Pa-
Pin des cram-
Pons pour jouer dans toute cette mélasse

REFRAIN 1

Ainsi va la vie à Paimpont
Où les sirènes font « Paim-pont Paim-pont »
Où les gens s’accrochent au pinceau
Quand on leur retire l’échelle
Et où ils croient que dans Marseille
Les sirènes des pompiers sonnent « Mar-seille Mar-seille »
Et qu’une sardine bouche le port
Afin qu’il y ait toujours de l’eau
Pour le pastis

2

Pimprenelle et ron et ron P’ti Pata-
Pon
La pim-
Bêche sortit à cinq heures comme la marquise de
Pompadour. Elle était gaie comme un
Pinson, glorieuse comme trente ans d’
Pompidou.

Haut perchée sur ses escar-
Pins, telle une girafe de Claude
Ponti, elle s’en allait à Juan-les-
Pins pour y décrocher le
Pompon du manège des mille
Pingouins sans aucune
Pondération à la Foire des sans-soucis.

Quand
Pindare en a marre des odes et du grand cirque saisonnier de Meissonnier roi des
Pompiers il s’offre une
Pinte de bon sang avec son pote
Pontus de Tyard :
Il sort son petit cale-
Pin, se pose sur un stra-
Pontin sur la colline de l’Aventin et il
Peint les heures qui dansent déguisées en autruches par messieurs
Ponchielli et Walt Disney réunis.


Fantasia - La Danse des Heures, de Ponchielli par disney-world81

Refrain 2

Ainsi va la vie quand ça
Pince Monseigneur Ezine à
Pontault-Combault

Ainsi finit tout
Pintadeau vers la Noël avec des champignons s-
Pongieux

Ainsi peut se gratter ce
Pingre d’Harpagon avec le côté vert de la S-
Pontex Avery

Et cela sent le
Pin des landes dans le livret de Da
Ponte car Mozart avait fait les choses comme il faut !

C’est fini !
P’int-barre, rom-
Pons ! Je vous serre la
Pince, décam-
Pons ! J’arrête le disque de Cho-
Pin et si nous cho-
Pons quelques blues, enfilons les, les nuits sont fraîches !

 

Ecrit de manière nomade, au fil de la semaine écoulée, sur la consigne du baobab (voir ci-dessous)

10 janvier 2015

BAMBOULA SOUS LE BAOBAB A LAMBARENE

Sous le grand baobab, on entend l’ovation qu’envoie aux baladins la foule rassemblée. Les oreilles sont encore pleines du solo de basson de l’ophtalmo. L’artiste rigole dans sa barbe d’avoir volé la vedette à l’oto-rhino – ça, c’est rosse ! – dont la prestation bafouillante à l’ocarina a ressemblé par trop au barrissement d’un olifant, au babillage horriblement bateau d’une baleine d’origine occitane qui ne connaîtrait pas plus le contrepoint que l’ornement.

La prestation de l’autruche sur sa balancelle haut-perchée a fichu le bazar chez les spectateurs pris en otage et mis en haleine. C’est qu’elle a mené d’une baguette magistrale l’orchestre des babouins autistes. Dans des bananes sans orifice, à s’en rompre l’occipitus ils ont baratté de l’Offenbach, du Bach et même du Louis Armstrong à s’en faire péter les ovaires !

Et puis l’okapi Baladeur et Barbie, l’otarie obèse ont fait l’Auguste et le clown blanc. Ce fut l’alpha et l’oméga de la rencontre baroque entre le flanqueur d’horions à baluchon de la place de l’obélisque et l’odalisque grasse dont ostensiblement l’aura baltimorienne en appelle dès l’aurore aux métamorphoses d’Ovide, à la bagatelle et au jet de bonnet par-dessus le bastingage.

Quel barouf ils ont fait ! Pas besoin de haut-parleur pour que chacun entende le bruit des baffes, des onomatopées, de la bagarre au bazooka. Quelle baston haute en couleur ! Barillet et Grédy sans nul besoin de claque au Théâtre ce soir ! C’est tout juste si, barbouillée d’ordures et de barbe à papa l’otarie Barbie n’a pas fini en tas d’os sur le barbecue, accompagnée d’osso-buco et de batavia !

D’ailleurs tout cela nous a donné faim. Tout le monde s’en retourne à la cantine de l’hopital.
Madame Aubrée, la cuisinière, pour que l’on reste dans la note folle de cette fête, a barbouillé sur le tableau noir du menu :

- Auriculaires de missionnaires
- Babouches ottomanes dans leur sauce au Banania
- Darnes de Chevalier Bayard sans beurrer et sans brioche

Après il y aura bal costumé dans la chapelle. Le docteur Schweitzer jouera du piano au moins jusqu’à minuit.

A l’horizon, le soleil se couche. Sans ostracisme aucun, un vent léger balaie les restes de la mousse à raser qui garnissait les tartes à la crème des clowns. Puis l’ombre du grand baobab se confond avec celle de la nuit.

 

150102 002 B


Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 6 janvier 2015d'après cette consigne.

 

REECOUTE DE METISSAGE

3 janvier 2015

JE ME SOUVIENS DE L'AN 2000

- Je me souviens que le prénom d’Alzheimer est Alois.
- C’est bien, c’est suffisant pour qu’on ne t’enferme pas et qu’on te laisse libre de tes mouvements !
- Je me souviens que le prénom de Pérec est Georges et qu’il avait une tête de marin-pêcheur breton.
- Je confirme, aussi vrai que je m’appelle Jean-Emile Rabatjoie.

2015 01 02 Scan collage Pérec


- Je me souviens qu’on disait « Je vous souhaite une année bonne et heureuse » et qu’on répondait : « Une longue et vigoureuse ! ».
- Aussi vrai que je m’appelle Jacques-Henri Casanova, je confirme !
- Je me souviens que ma nièce, Isaure Chassériau, avait reçu un ukulélé rose à Noël !
- Aussi vrai que je m’appelle Joe Krapov, je confirme. C’est moi qui le lui avais offert !

141227 036


- Je me souviens que j’ai toujours eu horreur de jouer à ce jeu de « Je me souviens »! A partir d’un certain moment ça devient le carnaval des animaux autofictionnels ! Voire la Danse macabre des années qui passent !
- Alors, aussi vrai que tu t’appelles Camille Cinq-Sens, oublie ça et sers-nous une autre tournée ! Et souhaitons une bonne année 2015 au Défi du samedi de la part de Rennes-en-Délires !

141223 130

 


Ecrit pour le Défi du samedi n° 331 à partir de cette consigne

21 décembre 2014

LA PETANQUE, C’EST DIVIN !

- Je suis sûr que c’est Toi qui l’as mis là intentionnellement…
- … parce qu’on était en train de gagner…
- … et perdre, Monsieur Dieu n’aime pas ça du tout !
- Alors, pour annuler la partie, Il nous sort un bon vieux tour de magie à sa façon…
- … et Monsieur Dieu dispose un trou noir sur le terrain ! Hop, toutes les boules et le cochonnet disparaissent !
- Arrêtez de me déconcentrer, je mesure ! A qui elle est la boule avec un anneau autour ?
- C’est la mienne !
- Et la grosse jaune toute brillante ?
- C’est à moi.
- Arrêtez de blasphémer, vous avez gagné. La partie est finie. C’est encore la boule bleue et verte qui marque le point.
- Ouais ! Treize à rien ! Allez Fanny, montre lui ton derrière, qu’Il l’embrasse !

1415-12 Edouard Levé 06

 

Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 16 décembre 2014 d'après la consigne : "Monologue ou dialogue à partir d'une photo d'Edouard Levé". (Nous remercions l'auteur au passage pour l'emprunt de son oeuvre et je m'engage à la retirer de ce site si la demande en est faite par ses ayant droit).

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21 décembre 2014

LA VISITE A MONSIEUR CINEMA

AEV 2014-12 Peter Lindbergh 01

- La dernière fois que vous avez dû me voir, c’était dans ce film choral avec Claude Rich, Guy Bedos, Pierre Richard et Jane Fonda. Il y avait aussi l’acteur principale de "Goodbye Lénine".
- Goodbye Lennon ?
- Je comprends que vous ayez oublié le titre : « Et si on vivait tous ensemble ?». Sinon, oui, j’ai bien tourné dans les films de Carlos Saura que vous alliez voir dans les cinémas du Quartier latin bien avant l’an 2000. Et j’étais aussi dans « L’amour par terre » de Jacques Rivette avec Jane Birkin. Elle était il n’y a pas très longtemps en une de Télérama, la revue culturelle à tendance gérontophile-nécrophage.
- Je ne vois pas bien qui vous êtes mais vous me rappelez quelqu’un.
- C’est vrai, je ne suis pas la fille du facteur ! Je ressemble terriblement à papa. Je ne peux rien y faire, c’est comme ça. J’évite juste de marcher avec une canne et de mettre un chapeau melon. Et vous monsieur Tchernia, comment allez-vous depuis le temps ? Vous êtes bien dans cette maison de retraite ?

***

AEV 2014-12 Peter Lindbergh 02

Après que Géraldine s’en fut allée, on redescendit Pierrot dans la salle commune. Madame Moreau approcha son fauteuil roulant près du sien et elle demanda :
- J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien… mais il me semble que je la connais, Pierrot, la jolie dame qui t’a rendu visite. C’était qui ?

Et Pierrot, comme toujours un peu dans la lune, lui répondit :

- Je crois que c’est la fille de Laurel et Hardy !*

 * Anecdote racontée par Géraldine Chaplin et extraite du livre de Bruno Solo "Petites et grandes histoires du cinéma".

Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 16 décembre 2014 d'après la consigne : "Monologue ou dialogue à partir d'une photo de Peter Lindbergh". (Nous remercions l'auteur au passage pour l'emprunt de ses oeuvres et je m'engage à la retirer de ce site si la demande en est faite par lui ou ses ayant droit).

 

 

21 décembre 2014

CEREMONIE SOIT QUI MAL Y PENSE !

1415-12 Edouard Levé 05

La peste soit de l’avaricelle et des avaricelleux !

Celui-ci a peut-être un langage fleuri mais ses mots - ou ses maux ? – se pressent en boutons sur ses joues et sur son front pendant que son hymne national retentit. Il garde son –leur ? - expressivité pour plus tard. Pustule simplement ne pas être contagieux !

Est-ce une pensée qui couve avant qu’il ne discoure ou une maladie qui incube ? Méfie-toi du feu sous la glace ! Avec le temps, comme tout volcan, bien souvent la rupture n’est qu’éructation, éruption, grêle de coups, coups de bâton, mots décousus de fil blanc et, de fil en aiguille, propagation de boutons qu’on enfile et qu’on se refile. Et si l’on en juge par Pavin et Chauvet, c’est seulement une fois le volcan éteint que le lac naît.

Le boutonneux que je vais récompenser vient justement du centre de la France. Je ne sais où il est allé pêcher cette chemise blanche trop grande pour lui. Personne n’a pensé à lui dire de mettre une cravate. Franchement, le comité donne ses prix à n’importe qui, cette année !

Ca y est, la musique c’est arrêtée, je vais pouvoir lâcher sa main. Je sors de la poche droite de mon veston la notice de montage Ikéa au dos de laquelle j’ai écrit mon petit discours :

- Monsieur Robert Modiano, au nom du comité, devant les caméras du monde entier, je suis heureux de vous remettre le prix Nobel de photographie de spectacles carnavalesques !

Pendant que les flashes crépitent, avant qu’il ne prononce son laïus convenu, je m’éloigne. Discrètement je regarde ce point rouge inquiétant sur le dos de ma main droite et je me lisse la moustache, intrigué.
Ce n’est pas un bouton.

C’est un confetti.

Ecrit à l'Atelier d'écriture de Villejean le 16 décembre 2014 d'après la consigne : "Monologue ou dialogue à partir d'une photo d'Edouard Levé". (Nous remercions l'auteur au passage pour l'emprunt de son oeuvre et je m'engage à la retirer de ce site si la demande en est faite par ses ayant droit).

20 décembre 2014

99 DRAGONS : EXERCICES DE STYLE. 99, Apostrophes

Apostrophes de Saint-Georges au dragon et vice-versa :

DDS 329 dragon portugais

- Te mesurer à moi ? Qui t’a rendu si vain
Toi qu’on n’a jamais vu, lézard, missel en main ?
- O homme, unique objet de mon ressentiment
Entre les grands R que tu te donnes
Et la vanité que jamais tu ne T
L’histoire ne retiendra de toi que ta petite S !
- En garde, manant, cauchemar rémanent, baudruche de cinéma permanent, ta vie ne tient plus qu’à un fil et l’heure est venue d’en découdre !
- Recule, virgule, ou je t’apostrophe !
- Tiens, maroufle, prend ce coup d’estoc dans ta bedaine rustique, et si ça ulcère ton estomac tant pis pour toi ! Je ne suis pas du genre à mettre des moufles avant d’envoyer mes mornifles, ou alors ce sont des gants de boxe, Cassius Clay à la manque !
- Goûte à ma flamme, l’allumé ! Je vais faire griller ta robe en alu, mon Alain, que tu m’en diras des nouvelles au roman ! Fais gaffe, petit-Breton à la tournoi de coco, de ne pas terminer en galette-saucisse sur la place des Lices !
- Arrache-toi de là, baba cool cradoque, t’es pas de ma bande, casse-toi, tu pustules et Ides of march à l’ombre !
- Toi aussi mon fils, tu en veux ? Sois pas impatient, biloute : dins deux minutes té vas r’simbler à ch’paquet d’ cassonad’ !
- Attrape, satrape ! Prends, sacripant !
- Prends ce coup de pompe dans l’écu, espèce d’Argentin de Carcassonne !
- Chope la soupape, vieille mule du pape ! Crève, charogne !


Apostrophes du narrateur au lecteur et à une copine d’Offenbach :

Lecteur, toi dont l’âme est sensible et la patience limitée, je m’en vais t’épargner la suite des invectives et la narration de la fin du combat. Si tu rêvais de sang, de sueur, de larmes et de têtes coupées, sache, internaute de mon cœur, qu’il y en eut autant qu’à la bataille d’Hydre-de-Lerne et bien plus encore que ce que toi-même peux trouver en surfant sur ton Internet !

Et donc, toi, Fatalité, fille par PMA-GPA des trois Parques, tu fis comme toujours ou presque triompher le héros Disneyen et distrayant de l’affreux dragon Baudelairien, souffleur du mal, qui avait dans cette version-ci désir de paradis artificiel, croyance au Seigneur et spleen de parti.


Dernière apostrophe du dragon pour confirmer le dernier jeu de mots :
- Si près de voir mon feu récompensé, ô Dieu, l'étrange peine !


Apostrophe du narrateur à Vénus (Tu la connais, Joe ? T’as son phone ?) :

- Et toi, Vénus , callipyge que dalle déesse de l’Amour, tu as présenté au vainqueur le présent qu’on lui a promis, la fille du roi, en espérant qu’ils sacrifiassent ensemble à ton culte que tu as fort joli ma foi.


Apostrophes du chevalier Saint-Georges à la princesse et vice-verseau :

- Belle reine, et pourquoi vous offenseriez-vous ? Viens-je vous demander que vous quittiez l’empire ? Que vous m’aimiez d’amour ? Que nenni, ma bergère, c’est le troupeau des ponts qui bêle ce matin aux pieds de Toureiffel qui m’appelle ! Homme libre, toujours tu chériras Paris ! Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur de rester libre de tes choix…
- Jamais je n’eusse imaginé, preux chevalier, que vous pussiez refuser de m’y accompagner !
- Où cela, gente demoiselle ?
- Au pucier, imbécile ! Et en plus bougre d’âne, vous ne connaissez ni l’argot ni l’humour fondé sur l’homophonie. C’est dingue ! Mais finalement, c’est mieux comme ça, banane ! Allez cass’toi, pauv’ con !
- Adieu Madame !


Apostrophes de Saint-Georges à son cheval et lycée de Versailles :

- Ne répondons pas à cette hétaïre. Allez, viens, Rossinante ! D’autres moulins de mon cœur nous attendent.
- Hey, poor lonesome cow-boy Georges, j’étais bien plus heureux avant quand j’étais cheval de Ben-Hur !

DDS 329 pinocchio 84532312_p

- Alors, c’est vrai, Joe Krapov ? Tu as enfin terminé tes 99 exercices de style ?
- Oui !

Ecrit pour le Défi  du samedi n° 329 à partir de cette consigne

La photo est "Copyright Walrus". Merci encore à lui pour tout !

 

14 décembre 2014

PRETEZ L'OREILLE, BRAVES GENS !

Octobre touchait à sa fin. Les arbres perdaient déjà leurs feuilles. C’est alors qu’un étrange phénomène se produisit. Un mimétisme végétal gagna les livres et les hommes. Des feuilles de livres jaunirent puis se détachèrent, des oreilles aussi.

Pendant que les hommes s’occupaient à ramasser les feuilles mortes à la pelle les oreilles allèrent traîner ici et là de par le monde.

Certaines, très discrètes, intégrèrent des murs pour qu’aucune information ne se perde.

D’autres qu’on appela ennemies entreprirent de devenir espionnes : elles exercèrent ce métier avec la rage et le désespoir de la vieillesse.

Certaines grandes décidèrent de vadrouiller par paires. Elles se glissèrent sous les oreillers pour recueillir des secrets d’alcôves plus ou moins goûteux. Elles en furent pour leur frais : les gens qui dormaient sur elles ne pipaient plus aucun mot : ils s’endormaient illico, ronflaient et sciaient du bois dans un sommeil des plus profonds.

Des oreilles trop indiscrètes mais trop peu discrètes se firent repérer et furent taillées en pointe.

renc3a9-magritte-la-lec3a7on-de-musique

D’autres retournèrent à l’école, se souvenant qu’elles avaient mal écouté les leçons des maîtresses. Mais le naturel revenant au galop elles oublièrent à nouveau de qui était le silence de Ludwig Van Mozart qui suit les œuvres de Wolfgang Amadeus Beethoven et elles se greffèrent à des bonnets d’ânes. Elles allèrent au coin coiffer les mauvais élèves, ceux qui disaient non avec la tête, rêvaient des oiseaux porte-plumes, du grand chemin de fer en sortant de l’école et des oiseaux qui ne saluent plus le képi dans la cage et les ratons-laveurs.

Pendant ce temps, l’hiver était arrivé. Plus un seul petit morceau de Scaramouche ou de Georges Feydeau ! Dans le théâtre de verdure, il faisait sombre sous la ramure. Sans oreilles les gens ne s’entendaient plus, ils tapaient comme des sourds sur le sol gelé pour qu’on leur rende l’ouïe, n’importe lequel des seize ou dix-sept, les grenouilles adorent demander un roi. Elles le font en coassant, comme la Lune. Et c’était cocasse vraiment toute cette angoisse de gens qui coassent et réclament à l’agence Tass que l’hiver se casse.

Cela dura jusqu’au printemps qui pour revenir cette année-là se fit tirer l’oreille. Gorgées de sève, de fèves, de galettes, de galéjades, de boutades, de salades, de fadaises, de coquecigrues et de carabistouilles les oreilles s’en revinrent vivre à la colle avec leur propriétaire.

Les miennes m’ont raconté l’histoire à peine croyable d’un gars qui était heureux parce que sa femme avait des amants. Elles étaient remontées là-dessus et avaient vu Bernard Dimey à Montmartre. Fariboles, leur ai-je dit, il est mort en 1981 !

De leur fable, je n’en ai rien cru ! Je n’en ai pas cru mes oreilles !

Mais plus tard j’ai descendu dans mon jardin et j’ai constaté avec elles que dans le John Le Carré de légendes où j’avais enterré ma bibliothèque avait poussé une chansonnette. 

Ecrit pour le Défi du samedi n° 328 à partir de cette consigne

7 décembre 2014

SLAM DE LA GORGE DEPLOYEE

Je suis celui qui retentit du fond du ventre lorsque Pinocchio dans son antre fait contre sa mauvaise fortune bon choeur et joue du xylophone en tapant sur les côtes du sombre cétacé et cela a suffi pour que j’éclate et qu’il en perde, lui, haleine.

Je suis celui, recroquevillé, qui se déplie soudain, se tend puis se distend, se termine en jet d’eau, en petite fontaine, celui qui soudain tourne court et se braque-marre comme une baleine.

Je suis celui de la marquise qui sortit à cinq heures comme il se petit-doigt dans l’air de son salon sans se faire de mousse :

Je suis petit, discret, distingué, aristo, mais quelle idée vraiment au retour pour le thé : se montrer si gourmande des propos incongrus de ce petit Marcel que bientôt la madeleine aux marches du palais, en passant dans la glotte se pose en mon travers et la marquise s’étrangle, s’étouffe, s’intoxique et je meurs avec elle en un dernier hoquet tandis qu’ultime saut sa carcasse s’affaisse et son corps se trémousse !

Je suis celui lardu, gras du, un peu loquedu, riche en sous-entendus qui est fraîchement pondu quand on dit que la proie, dinde, oie, sainte-nitouche est touchante et « gentille »

Mais je deviens vite jaune et du genre mauvais lorsque, perdant ses billes, embrouillée de bisbilles, devenue immobile devant la fermeté, le refus très futé de l’accorte nubile d’appeler peccadilles vos troubles bagatelles, sans accès aux dentelles l’idylle s’entortille.

Je suis parfois de bon aloi, de convenance, de circonstance, de bon ton ou de pure forme

Comme je puis éclater Rabelaisien, Toporesque, à tout crin, plus Homérique que Rohmérien, Gargantuesque, sonore, énorme.

Ou je peux être idiot, stupide, satisfait, façon Gribouille qui se mouille

Ou sinon grave ou graveleux, coupant comme le couteau du charcutier adroit mais glissons sur le jour où il coupa l’andouille !

Il est rare pourtant que parmi les terrines,
chatouillé du persil fourré dans les narines de la tête de veau j’occupe la vitrine.

Je viens souvent du fond, du fond des âges, du fond de la classe, du fond de la gorge. Je nais de l’incompréhension, du décalage mais je suis toujours sans entraves

Et je cours de la poupe à l’étrave trop grave du Sérieux, cette dispensable épave.

Puis il est des périodes où je n’existe plus : de grands moments de drame


Où le tragique humain mène son pion à dame

Et le plateau alors est envahi de guerres, d’épidémies, de meurtres, d’attentats, de conflits et malgré les soldats je ne suis plus jamais même celui du sergent, gloussement de voix molle de folle du régiment, le préféré assurément du capitaine des dragons tout feu tout flamme et l’industrie du disque tout Sardouniquement se remet à fumer

Et en vient même un jour à oser m’exhumer.

Car, je dois l’avouer, je suis une valeur sûre : même si, vieux de la vieille,


Je vaux un bon bifteck, je suis le propre de l’humain, j’ai toujours sur l’écran de veille

De quoi vous envahir de LOL, de MDR, de chansons, de saillies
Qui vous laissent ébahi(e)s
Bref de quoi vous faire
Manquer d’air
Pour le der des ders
Der des ders des soupirs
Der des ders des sourires
Der des ders des mourir
Der des ders des mourir de rire

141206 021

 

Ecrit d'après la consigne 1415-09 de l'atelier d'écriture de Villejean :

Bouts-rimés : trouvez dix mots qui riment avec ceux-ci
et incluez-les dans un texte ou dans un poème :
haleine, mousse, gentille, forme, mouille, vitrine, entrave, fumer, dame, veille

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