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Mots et images de Joe Krapov

16 juin 2023

DEMANDE D'EXFILTRATION

J’y suis allé, moi aussi, à l'hôpital des mots. Dans la chambre voisine de celle où reposait « Je t'aime » il y avait une vieille rengaine qui se traînait lamentablement dans son lit-cage.

Elle disait :

- Qu'est-ce que j'ai pu être conne !

Elle s'appelait « C'était bien, c'était chouette, chez Laurette ». Elle ajoutait :

AEV 2223-34 JK - flipper

- Il y avait déjà Simone Signoret qui nous avait prévenu. Elle avait écrit « La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était » mais là, franchement, moi, quelle gnangnanterie ! Les années lycée ! C'est comme si on m'offrait un billet pour le concert de Starmania en 2023, qu’on m'emmenait me rhabiller dans une friperie vintage ; j'aurais l'air ridicule comme à l'époque avec mes jupes gitanes, mes parfumées au patchouli, mes freluquet à cheveux longs qui se prêtent des disques vinyles pour les enregistrer sur des mini-cassettes. Je suis sûre et certaine maintenant qu'il était crade, ce rade ! Tous les clients fumaient des gauloises bleues et des gitanes maïs en buvant des coups de rouge genre Gros qui tache, de la Stella Artois ou de la bière d'Alsace au comptoir ! De vieux habitués venaient taper le carton tous les après-midis et ils faisaient la gueule quand on mettait deux thunes dans le bastringue ou qu'on s'excitait autour du flipper parce que Gaston avait décroché un « same player shoots again » ou que Bernadette avait fait tilt.

- Allons ! Allons ! ai-je dit à « C'était bien, c'était chouette chez Laurette ». Vous étiez quand même une belle chanson ! Qu'est-ce qu'on pourrait faire qui vous ferait plaisir ?

- Écoutez, sortez-moi d'ici en loucedé ! Je déteste cet hôpital ! Ils ne font rien pour nous adapter au monde moderne. Ils nous laissent mariner pour qu'on puisse dire de nous « dans son jus ». Emmenez-moi dans un café moderne, un où il y a des afters et des happy hours, où on peut boire des pintes de bière en passant la commande au comptoir !

- Un peu dans le genre des Grands gamins, sur le mail François Mitterrand à Rennes ?

- Ouaipe, a répondu sa voisine de lit. Et si vous arrivez à l’exfiltrer, revenez de sortir de là, moi aussi !

- C’est qui, elle ?

Elle c’est « Au Tord-boyaux le patron s’appelle Bruno ».
 

Pondu à l'Atelier d'écriture de Villejean le mardi 13 juin 2023

d'après la consigne AEV 2223-34 ci-dessous

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15 juin 2023

Choses lues ou vues à Châlons-en-Champagne le 20 avril 2023 (3)

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Un chien qui est une chienne ?

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15 juin 2023

Choses lues ou vues à Châlons-en-Champagne le 20 avril 2023 (4)

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- Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais il se trouve que je suis en âge d'avaoir accompli mon service militaire obligatoire. C'était en un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître et en un lieu qui avait pour nom Mourmelon-le-Grand, en fait un très petit village, une rue, vingt-trois bistrots et des casernes tout autour. Pour m'y rendre, je prenais le train et m'arrêtais à la gare de Chalons-sur-Marne ou un bus nous attendait pour nous emmener dans notre "usine". Aussi ça m'a fait drôle en débarquant à nouveau dans cette ville bien des années après de voir que les militaires étaient toujours présents par ici !

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Vous avez mis quelle pièce sur la case F1 de votre échiquier ?

14 juin 2023

Choses lues ou vues à Châlons-en-Champagne le 20 avril 2023 (1)

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14 juin 2023

Choses lues ou vues à Châlons-en-Champagne le 20 avril 2023 (2)

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Statue de Jean Talon.

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  Tryptique de l'adoration des mages attribué à Pieter I Cock d'Alost,
accroché dans la collégiale de Châlons-en-Champagne
à proximité de la crucifixion en Playmobil.

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Chaque fois que la porte des halles s'ouvre, Super-Mario a le coeur fendu !

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13 juin 2023

CONSIGNE D'ÉCRITURE 2223-34 DU 13 JUIN 2023 A L'ATELIER DE VILLEJEAN

La Phrase fatiguée

 

 

AEV 2223-34 Consigne Jeanne

Aujourd'hui je vous propose d'écrire autour de la phrase "Je t'aime" en vous inspirant de l'univers magique des mots du roman "La Grammaire est une chanson douce" d'Erik Orsenna. A partir du passage qui raconte le voyage de Jeanne et Monsieur Henri à l'hôpital des mots (pages 95 à 99) où ils rencontrent la fameuse phrase "Je t'aime", voici quelques trajectoires d'écriture que vous pouvez suivre comme bon vous semble.

- Soit vous écrivez à propos d'une phrase fanée que vous avez connue - cela peut être un "je t'aime" ou une autre phrase ou un autre mot - en nous racontant son histoire, en nous disant ce qu'il ou elle représente pour vous. Vous pouvez faire parler cette phrase/ce mot ou vous exprimer à la première personne.

Soit vous partez de cette phrase ou de ce mot choisi et écrivez un poème, une comptine ou un acrostiche par exemple. Vous pouvez évidemment choisir plusieurs phrases et réaliser plusieurs textes.

[consigne donnée par Jeanne]

«Les mots dormaient. 

Ils s’étaient posés sur les branches des arbres et ne bougeaient plus. Nous marchions doucement sur le sable pour ne pas les réveiller. Bêtement, je tendais l’oreille : j’aurai tant voulu surprendre leurs rêves. J’aimerais tellement savoir ce qu’il se passe dans la tête des mots. Bien sûr, je n’entendais rien. Rien que le grondement sourd du ressac, là-bas, derrière la colline. Et un vent léger. Peut-être seulement le souffle de la planète Terre avançant dans la nuit. Nous approchions d’un bâtiment qu’éclairait mal une croix rouge tremblotante.

– Voici l’hôpital, murmura Monsieur Henri.

Je frissonnai. L’hôpital ? Un hôpital pour les mots ? Je n’arrivais pas à y croire. La honte m’envahit. Quelque chose me disait que, leurs souffrances nous en étions, nous les humains, responsables. Vous savez, comme ces Indiens d’Amérique morts de maladies apportées par les conquérants européens.

Il n’y a pas d’accueil ni d’infirmiers dans un hôpital de mots. Les couloirs étaient vides. Seules nous guidaient les lueurs bleues des veilleuses. Malgré nos précautions, nos semelles couinaient sur le sol. Comme en réponse, un bruit très faible se fit entendre. Par deux fois. Un gémissement très doux. Il passait sous l’une des portes, telle une lettre qu’on glisse discrètement, pour ne pas déranger. Monsieur Henri me jeta un bref regard et décida d’entrer.


Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : 
Je – t’ – aime

Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps. Trois mots reliés chacun par un tuyau de plastique à un bocal plein de liquide. Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase. Il me sembla qu’elle nous parlait :

– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.

– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. quelques jours de repos et tu seras sur pied.

Il la berça longtemps de tous ces mensonges qu’on raconte aux malades. Sur le front de Je t’aime, il posa un gant de toilette humecté d’eau fraîche.


– C’est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.


« Un peu fatiguée », « un peu dur », Je t’aime ne se plaignait qu’à moitié, elle ajoutait des « un peu » à toutes ses phrases.


– Ne parle plus. Repose-toi, tu nous a tant donné, reprends des forces, nous avons trop besoin de toi. Et il chantonna à son oreille le plus câlin des refrains.

La petite biche est aux abois
Dans le bois se cache le loup
Ouh, ouh, ouh, ouh

Mais le brave chevalier passa
Il prit la biche dans ses bras
La, la, la, la


– Viens Jeanne, maintenant. Elle dort. Nous reviendrons demain.

***

– Pauvre Je t’aime. Parviendront-ils à la sauver ?

Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi. Des larmes me montaient à la gorge. Elles n’arrivaient pas à monter jusqu’à mes yeux. Nous portons en nous des larmes trop lourdes. Celles-là, nous ne pourrons jamais les pleurer.

-… Je t’aime. Tout le monde dit et répète « je t’aime ». Tu te souviens du marché ? Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver.»

Texte récupéré ici.

12 juin 2023

Du théâtre au festival des Fleurs du Mail le 10 juin 2023

Si l'on vous dit "paysan" tactile" "alexandrin" "italianisme" "ensembliste", vous pensez à quoi ?

On vous aide avec ces photos d'un spectacle dans lequel Madame C., notre amie de l'atelier d'écriture de Villejean, jouait un rôle fabuleux !

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Si on vous dit "autobus S", "cour de Rome" et "bouton", et même "99 dragons" ça ne vous dit toujours rien ?

Je donne la solution ci-dessous. C'était une chouette mise en scène d'Hervé Arnoux, c'était très bien joué, bien accompagné au piano et on a beaucoup ri, surtout moi !

10-06-Exercice-de-style-1086x1536

 

Pour les Rennaises et Rennais, cela se rejoue le 16 juin.

11 juin 2023

Le Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne le 21 avril 2023 (1)

Tout comme à Reims il y a ici, à Châlons-en-Champagne, un cirque "en dur". En arrivant au bout du grand jard (jardin) nous sommes allés le photographier. Une dame en est sortie qui nous a permis de visiter l'intérieur. Fort sympathique ma foi. Mais de toutes les façons, un établissement qui rend hommage "en dur" et par deux fois à ce clown de Joe Krapov, on ne pouvait en attendre que du bien ! ;-)

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11 juin 2023

Le Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne le 21 avril 2023 (2)

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On a poussé la gentillesse jusqu'à faire ouvrir une vitrine afin que Marina B. puisse photographier les références de ces deux livres-ci !

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10 juin 2023

HI HAN OU LES MÉMOIRES D'UN ANE

Âne, mulet, bardot, ânesse, bourrique ou baudet, c’est kif-kif bourricot pour moi !

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais il se trouve que j’ai rencontré au cours d’icelle certains de ces animaux à grandes oreilles. Pas plus tard qu’il y a quinze jours par exemple, je vous ai présenté Ouvrard qui fit l’âne pour avoir du son, en reçut et qui, grâce au gramophone, nous a gratifié les esgourdes d’une chanson sur sa malportance : le chanteur autofictionnel est sans retenue, c’est là où le bas de contension blesse.

Si je prends les choses dans l’ordre chronologique il me faut évoquer mon grand-père qui, nous prenant sur ses genoux, mon frère et moi, rapprochait nos têtes et les frottait l’une contre l’autre en disant « asinus asinum fricat ». C’étaient là les seuls mots de latin qu’il connaissait et je les ai retenus sauf que je prononce « asinoum » là ou il disait « asinom ».

« C’est ça qu’on m’a dit à l’école, papa, c’est ça qu’on m’a dit (de faire) à l’école. » Graeme Allwright

DDS 771_Nasdine HodjaA l’école justement je n’ai jamais eu à coiffer le bonnet d’âne. La pratique, humiliante au possible, avait disparu du circuit et j’étais plutôt bon élève. Cela ne m’empêchait pas de m’adonner le jeudi à mon activité préférée, la lecture de bandes dessinées et notamment celles de l’hebdomadaire « Vaillant, le journal de Pif ». Je faisais mes délices de l’Insaisissable, Nasdine Hodja , de Roger Lécureux et Pierre Le Guen, personnage malicieux qui, dans un Orient très stylisé, traversait les déserts sur le dos de sa mule pour aller de ville en ville narguer les sultans insultants et défier les tyrans à turbans. Reviens, Nasdine, il y en a encore un peu partout !

DDS 771 Roudoudou-260-150x150

Plus tôt j’avais peut-être lu aussi les aventures de Roudoudou et de son copain l’âne Martin – il y a plus d’une bourrique qui se nomme comme ça, paraît-il !

Plus tard j’ai connu Anatole, compagnon du très surréaliste Philémon, dus tous deux à la plume de Fred. C’était dans Pilote, mâtin quel journal !

DS 771 Philémon

Je n’ai pas eu l’honneur de lire l’autofiction de Cadichon – Les Mémoires d’un Âne – mais en intitulant ainsi mon billet du jour je rends hommage à Sophie Rostopchine, comtesse de Ségur. Je n’ai pas non plus fréquenté la bête qui emmena sur son dos la Vierge Marie en Egypte. Était ce le même âne que celui qui, dans l’étable de Bethléem avait surnommé le boeuf « Miroton » ?

Il y a un certain nombre de bourricots dans les fables de La Fontaine : « Le meunier, son fils et l’âne » est peut-être la plus célèbre de celles-là.

Dans les « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudane (ou Baudet ou Daudet ?) j’ai lu « La Mule du pape » mais j’ai laissé de côté Don Quichotte de la Manche avec Sancho Pança sur son âne. Je connais par contre celui de Buridan et moi non plus je ne sais pas choisir entre passer l’éponge à Cléopâtre prenant un bain dans du lait d’ânesse et chanter « Entre le bœuf et l’âne gris » avec des paroles anticapitalistes en compagnie des Lutins de la lutte. Du coup, plutôt que de mourir d’envie, je fais les deux.

DDS 771_boronali-impressionJe connais aussi l’anecdote du peintre Boronali. Certains farceurs de la belle époque firent passer pour une œuvre d’art d’un peintre d’avant-garde un tableau badigeonné par la queue d’un Aliboron d’où a surgi, par anagramme le nom du peinturlureur de canular !

Mais abrégeons. Je ne voudrais pas que ce billet, à force d’exhaustivité, pèse le poids d’un âne mort. Je ne suis jamais allé au Théâtre des Deux ânes. J’ai bien dû chantonner au moins une fois la chanson « Mon âne », d’Henri Dès. Je n’ai pas lu le récit de la traversée des Cévennes avec un âne par Robert-Louis Stevenson. Je ralentis quand il y a un panneau dos d’âne de peur de crever un pneu et de me faire tirer l’oreille chez le roi Midas à cause de ma mauvaise conduite. J’ai fait l’impasse sur le très grossier baudet des Capenoules, sur le duo de l’âne du Véronique de Messager « Cahin-caha ! » et sur le « Peau d’âne, Peau d’âne, ne vois-tu rien venir ?» de Jacques Demy que j’aime bien pourtant à cause de Delphine Seyrig et de l’hélicoptère final.

J’ai noté pour les daltoniens que le catalogue de Vert baudet est plus volumineux que l’« Âne rouge » de Simenon. J’ai acheté le coffret des dévédés de Shrek mais je n’en ai encore regardé aucun. Il y a certainement un âne aussi chez Sylvain et Sylvette, un autre chez Delphine et Marinette de Marcel Aymé, un chez les musiciens de Brême et quand Vincent mit l’âne dans un pré j’arrêtai de compter pour revenir au début de la boucle.

DDS 771_nasr eddinCar un billet sur les ânes ne saurait être complet sans une évocation admirative de cette vieille bourrique de Nasr Eddin Hodja ! Ce personnage de la littérature turque est en effet connu de tous les amateurs de contes, conteurs et conteuses du monde entier. Il se nomme parfois Ch’a ou Jha ou Jeha et ses aventures mi-philosophiques, mi-absurdes valent le coup d’être consultées ou entendues.

Pour vous en donner une idée, sachez que Nasr Eddin voyage sur son âne mais en le chevauchant à l’envers.

Voyez ici pour plus de détails : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nasr_Eddin_Hodja

En tout cas Nasr Eddin me prouve que je ne suis pas un âne ou plutôt que je suis peut-être un âne mais doué d’une mémoire aussi bonne que stupide : je sais que ce personnage a son cénotaphe (un mot pour le prochain Défi du samedi ?) à Aksehir… et que ça ne sert à rien de retenir ça puisque je n’irai jamais là-bas !

DS 771 cenotaphe de Nasr Eddin

 


Ecrit pour le Défi du samedi n° 771 d'après cette consigne : bourrique.

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