Traîne-savates ! Tortillard tartignole ! Train-train de sénateur ! Trois secondes ont suffi pour que je te distance Et mette trente mètres dans ta vue ! dit le lièvre.
Trois secondes ont suffi Pour que le Tartarin Épaule, tire sans frémir et tue Le péroreur aux longues oreilles.
La tortue gagne la revanche. Il n'y aura pas de belle Parce que la carapace Et que les chiens à Vannes aboient.
Voilà un animal qui fait ressortir de ses bois non pas le loup qui va manger le petit Chaperon rouge mais, bel et bien, le grand serpent de mer de la réforme simplificatrice de l’orthographe !
Il fait remonter aussi la blague sur la prononciation du w. Je ne me la rappelle plus très bien du reste et je ne la retrouve pas sur internet. C’est un gars à qui on demande :
- Dites-moi, en Belgique on dit un vagon ou un ouagon ?
- On dit un ouagon !
- Vous êtes sûr !
- Sûr et certain. Mais en même temps je ne suis pas belge ; je suis ici en ouacances.
En vacances ou en ouacances dans un vallon en Wallonie ?
A quoi bon en effet disposer d’un v et d’un w si le wagon de queue se prononce "vagon de queue" et le Wisigoth "Visigoth" ?
Est-ce là l’influence de nos voisins allemands ? Eux prononcent "Vourst" le mot die Wurst qui signifie la saucisse et appellent "Volkswagen" la voiture du peuple.
Chez eux du reste le v se prononce f ! Der Vater, das Volk et le mot wieviel (combien) se prononce "vifil".
Mais retraversons vite le Rhin et revenons au wapiti et à la réforme de l’orthographe.
Wa pourrait en effet être la graphie la plus simple pour transcrire le son que l’on entend dans "oiseau, ouah ouah, pédale wah wah, oie, noix, doigt, toit, mois et wapiti".
Une seule graphie pour un même son simplifierait grandement les choses pour tout le monde et nous ferait regagner quelques points au classement Pisa.
"Quand le chien abwa, on entend wa wa. Plus personne ne joue de la pédale wa wa. Au jeu de l’wa si tu tombes sur la case trente et un et dans le puits, fais gaffe, ne te nwa pas dans l’eau frwade ! Ouille ! J’ai kwincé mon dwa avec le frwi à coque dans le casse-nwa ! Que serais-je sans twa, twa, twa mon twa ? Vive le rwa ! Le rwa bwa ! Sauf le premier mwa de l’année vu qu’il respecte le dry january.".
Je m’arrête ici pour cette première proposition de "réform de l’ortograf".
La semaine prochaine nous nous demanderons s’il faut ou pas conserver le x dans notre alphabet. Cette lettre a le mérite en un seul signe de transcrire le son produit par la suite k+s mais a aussi l’inconvénient d’être prononcée parfois gz. Il vaut mieux peut-être écrire exactement "egzakteman", xylophone "ksilofone", accident "aksidan" – même s’il n’y a pas de x à part sur le panneau priorité à droite ! - et, par respect pour les dames qui n'aiment pas ça, ne plus parler ici de sèks. Laissons cela à Obéliks, de par Dieu !
De la même façon je n’ai pas encore tranché pour ma part sur la question de la graphie du son k. C, k ou qu ? Réfléchissez-y dès maintenant et souvenez-vous :
Wapiti à wapiti l’wazo fè son ni !
P.S. Je ne résiste pas au plaisir de réécouter avec vous ma chanson préférée du triple album « All things must pass » de Georges Harrison. Elle s’appelle « Isn’t it a wapiti pity » !
Le loup sur le visage Cendrillon pénètre dans la salle du Bal Costumé.
Elle reconnaît Lady Gaga Déguisée en ogre De barbaque.
Elle reconnaît la sœur Anne Juchée sur ses plus hauts atours, Des Louboutin (Loup-bouquetin ?).
Mais elle ne voit rien venir Surtout pas le prince charmant
Elle reconnaît Chantal Goya : C'est la princesse au petit pois.
Elle reconnaît Blanche-Neige Entourée des sept nains. C'est facile : Carla Bruni, Sarkozy en grincheux Et Atchoum Darmanin ; Cinq des frères Poucet Se sont poussés du col En sortant de l'école Pour atteindre le compte (conte?).
Mais elle ne voit rien venir Surtout pas le prince charmant
Est-ce qu'il a eu un empêchement ? Est-ce qu'il s'est pris les pieds dans son « en même temps » ?
Le loup sur le visage Cendrillon va aux toilettes Et pète un plomb :
Elle se jette sur les trois petits cochons Et les mange.
Quand elle passe en jugement Elle se défend toute seule : - Ils n'avaient rien à faire dans les toilettes des dames !
- Ben si ! répond le prince Qui en pince Pour l'accusée Mais la récuse, C'est là qu'on se voyait pour le trafic de came !
Cendrillon acquittée - Ce n'étaient que trois bêtes Destinées à faire andouillette ! - Le prince abdique, l'épouse.
Ils partent pantoufler Dans une banque à Toulouse.
Ultimatum de Saint-Georges à son cheval – qui est une jument - :
- Trotte, trotte ma jument ! Va où le vent te mène ! Va d’un pas léger !
Ultimatum de Dieu au chevalier Saint-Georges
- Viens, viens sur la montagne ! Tout près du ciel j'ai ma maison. Viens, viens sur la montagne ! Là-haut il fait si bon ! Mais attention : pas de boogie-woogie avant la prière du soir !
Ultimatum de l’estomac du dragon au cerveau du dragon :
- Vu qu’il faut manger pour vivre et que je suis en train de tomber dans les talons, s’il te plaît, décime-moi un mouton !
- Bouge de là, gros lard ! Gicle ! Éjecte sans jacter ! Magne-toi le popotin ! Bouge tes fesses ! Evacue ! Fais ta valise, Liliane ! Évanouis-toi dans la nature ! Pars, surtout ne te retourne pas ! Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages !
Ultimatum du dragon au paysan
- Regarde bien, petit ! Vois comme tu es gaulé et comme je peux colmater ton tuyau avec mon petit chalumeau ! Tu veux vraiment entendre « Envoyez la soudure ! » ? Mange ta soupe, Toto, et reviens quand t’auras grandi ! Va te faire cuire un œuf, man !
Réponse du paysan au dragon
- OK ! OK ! Mais Tar’ ta gueule à la récré ! J’suis pas du genre « Laisse béton », mon pote ! Attends-toi au pire ! Un bon conseil d’ici à mon retour : Marche à l’ombre ! Casse-toi, tu pues !
Ultimatum du paysan au seigneur du royaume
- Laisse tomber les filles, Majesté ! Débranche ! Le danger est à nos portes sous la forme d’un dragon carnassier ! Balance ton port de tête altier, secoue les puces de ton chien qui est une chienne et celles de tes gens d’armes. Va, cours, vole et me venge ! Ça urge !
Ultimatum du ministre des armées aux troupes rassemblées
- Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Entendez dans nos campagnes mugir ce féroce dragon qui vient égorger nos moutons et faire grimper l'étau de l’inflation ! Marchons, marchons ! Créons une commission mixte paritaire ! Boutons l’esstrandger hors de nos mûres ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! Allez les Verts !
Ultimatum de Gérard Larcher à Jean-Luc Mélenchon qui n’a rien à voir dans cette histoire (quoique…)
- Ferme ta gueule !
Ultimatum de la troupe au ministre des armées
- Ne nous bourrez pas le mou ! Faut pas pousser grand-mère dans le concasseur ! Que les gros salaires lèvent le doigt ! Qu’ils y aillent eux même à la bataille contre l’affreux ! Pas question d’aller chanter « En avant Fanfan la Tulipe », de prendre des risques pour les planqués ! Nous maintenant c’est « Arrête ton char, Bidasse ! Voyage, voyage ! Allons à Messine pêcher la sardine ! En attendant le jour où nous irons à Valparaiso, buvons un coup ! Buvons en deux ! Hissez haut... le coude !».
Ultimatum de l’auteur de ces lignes à lui-même
- Arrête d’entrer dans les détails ! Ne raconte pas la négociation forcément mensongère entre le seigneur du royaume et le mercenaire romain. Fais pas ta rosière ! Ne raconte pas de salades à propos de ce salaire sous forme de conversion à une religion nouvelle ! Il devait être bien content, le seigneur du royaume de Libye de blanchir son argent sale en rétribuant un mercenaire et en se débarrassant de son fil à la patte, sa fille à problèmes. Ou alors résume suivant la consigne :
Ultimatum du seigneur du royaume à Saint-Georges
- Une fois l’affaire faite, prends l’oseille et tire-toi mais surtout occupe-toi d’Amélie ».
Ultimatum de Saint-Georges au dragon (à déclamer ou faire déclamer en même temps que le suivant)
- Retiens la nuit ! Tu n’en verras plus d’autre sinon que l’éternelle ! Prends ça dans les dents, enflure ! Fais gaffe à la gaffe, Gaston ! Crache ton venin ! Crève, charogne ! Tire la chevillette et ta bobinette cherra ! Alea jacta est ! Ouvrez, ouvrez la cage aux boyaux ! Bouge pas, meurs, ressuscite ! Requiesca in pace !
Ultimatum du dragon à Saint-Georges (à déclamer ou faire déclamer en même temps que le précédent)
Fous ta cagoule ou t'auras froid, t'auras les glandes, t'auras les boules ! Mets une sourdine ! Touche pas au frisbee, salope ! Prie, comte Robert ! On va fêter nos retrouvailles, je vais griller ton chamallow au chalumeau ! Compte les moutons ! Soigne ton gauche ! Essuie tes pieds ! Arrête de ramer, t’attaques la falaise ! Touche pas à mon gazon ! Fuis, Lawrence d'Arabie ! Fallait pas commencer ! Aïe ! Il m'a mordu l'oreille ! Il m'a fait mal, ce con ! Il est con, ce type !
Ultimatum du grand silence qui suit la bataille aux curieux qui rappliquent toujours après l’accident
Circulez, y’a rien à voir !
Ultimatum de la princesse Amélie au chevalier Saint-Georges
- Stand by me ! Ne me quitte pas ! Love me, please, love me ! Laisse mes mains sur tes hanches ! Laisse-moi t’aimer toute une nuit ! Fais-moi mal, Johnny, Johnny ! Envoie-moi au ciel ! Éteins la lumière ! Envole-moi ! Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole ! Mords-moi sans hésitation ! Déshabillez-moi ! Attache-moi ! Baise-moi ! Embrasse-moi, idiot ! Fais-moi une place !
Ultimatum de Saint-Georges à la princesse
- Demeure chaste et pure ! On m’a toujours dit « N’avoue jamais » mais je suis franc du collier (d’agneau) et je me dois (d’honneur) de te le dire : j’ai toujours préféré les voisins aux voisines et les garçons aux filles ! Mais va, je ne te hais point. Pense à moi quelquefois ! Va siffler là-haut sur la colline et m’y attendre avec un petit bouquet d’églantine !
Réponse de la princesse à saint Georges
- Cours toujours ! Va donc eh, lopette de végan ! Va te faire voir chez les Grecs ! Prête moi ta plume, que je te la mette dans le derrière, espèce de pom-pom-boy ! Va chez la voisine, on bat le briquet !
Ultimatum du dragon sanguinolent à la rose qui pousse dans son sang
- Fais comme l’oiseau ! Monte-là-dessus, tu verras Montmartre !
Ultimatum de la rose mystique au monde entier
- Vois ! Celui qui m’a faite m’a fait courber la tête mais c’est dans cette humilité et cette fragilité que je m’adresse à toi et à vous. Donnez-nous, donnez-nous des jardins ! Plutôt que des guerres et des engueulades, donnez nous un jardin qu’on appellera la Terre, qui brillera au soleil comme un fruit défendu ! Aimez-vous les uns les autres ! Croissez et multipliez mais pas trop quand même parce que vous épuisez la planète ! Jésus, Jésus, reviens avant qu’ils ne soient tous devenus des lapins crétins et que l’Intelligence artificielle ne les ait transformés en esclaves authentiques !
Ultimatum de l’auteur de ces lignes aux enfants qui passeraient par ici :
- Du discours de la rose, prenez-en de la graine !
J'ai demandé à Deepdream generator de me fabriquer une lettrine médiévale U avec un dragon.
L'intelligence de ce truc est véritablement artificielle : il ne connaît même pas les lettres de l'alphabet !
- Allez Juliette, vas-y ! Lis-le moi, le conte de Noël que tu as écrit ! déclare le grand-père en souriant.
- Ça s’appelle « Extraits du journal intime du Père Noël, pages de décembre 2023 » !
- Je t'écoute !
1er décembre : S'intéresser à la marche du monde c'est s'assurer une bonne déprime vespérale à la fin de sa journée de travail. Les Russes font toujours la guerre à l'Ukraine, Israël bombarde Gaza après le raid meurtrier d'octobre. Je ne sais vraiment pas si je vais descendre faire ma tournée cette année.
2 décembre : J'ai vraiment très envie de tester ce concept nouveau, la distribution de cadeaux buissonnière.
3 décembre : On n'imagine pas le nombre de mètres cubes de nos entrepôts ni le nombre de petites mains qui emballent les jouets pour les enfants du monde. J’ai suggéré aux lutins de se mettre en grève. Ils m'ont répondu : « Ça va pas, la tête, patron ? ».
4 décembre : La mémoire est comme le dessus d'une cheminée plein de bibelots qu'il sied de ne pas casser mais qu'on ne voit plus. Nous en sommes à 101 féminicides pour 2023, rien qu’en France.
5 décembre : Si un otage israélien « vaut » trois prisonniers palestiniens, combien faut-il de Belges pour un Américain sachant que les Belges n'ont rien de moins que les Américains et qu'ils auraient même plus en comptant qu'ils sont moins ? A force de surenchérir avec des problèmes de maths aussi compliqués tout le monde perd des places au classement PISA et la tour du même nom penche de plus en plus. J’ai fait un tour à l'écurie : les rennes piaffent, quasiment en transes ! C'est aussi le début des Trans (musicales) à Rennes.
6 décembre : "La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes" a dit Sir Winston Churchill. La preuve en est faite ces jours-ci : on n’élit plus que des anarcho-capitalistes à tronçonneuse, des péroreurs, des autocrates, des xénophobes et leur premier geste, cohérent par rapport à la citation, consiste à modifier la Constitution afin qu'ils puissent demeurer à vie au pouvoir. Moi je rends mon tablier. Je suis allé en parler aux cuisinières.
- Ça ne va pas fort, vous, patron, en ce moment ! m’ont-elles répondu. Vous savez qu'il faut manger pour vivre et même que c'est encore mieux de vivre pour manger ? Dieu merci on ignore la famine ici alors réjouissez, vous, c’est bientôt votre fête !
7 décembre : Le monde ne fait pas dans la guipure ni dans la dentelle : c’est un Iranien qui préside le Forum social des droits de l'homme de l'ONU et un marchand de pétrole qui est à la tête de la COP 28 chargée de mettre fin à l'usage des énergies fossiles pour préserver le climat. En France les présidents élus sont soit des généraux, soit des avocats, soit des banquiers. J'ai téléphoné à Dieu, Allah et Yahvé. Ils s'emmerdent dans leur coin, se sentent inutiles et déprimés eux aussi. Ils n'ont rien de programmé le 24 au soir.
8 décembre : Les riches vont en avion à l'autre bout du monde autant qu'ils veulent mais ils construisent des murs pour empêcher les pauvres de venir chez eux. J’’ai proposé aux lutins de laisser tomber le travail à la chaîne et de monter à la place une chorale de chants de Noël anticapitalistes.
- Toujours en déprime, patron ? Venez donc préparer des cadeaux avec nous ! Vous verrez on s'amuse bien à l'atelier !
Non. Pas vraiment emballé par l'idée.
9 décembre : J'ai prévenu Marie-Noëlle, mon épouse, que nous pourrions enfin, depuis le temps, nous offrir un petit réveillon en amoureux cette année.
- Comment ? Tu as la chance de ne travailler qu'un seul jour dans l'année et tu rechignes à la tâche ? Pourquoi ne pas manifester pour une retraite décente pendant que tu y es ? Ça ne va pas, la tête, Noël Noël ?
Quand elle est fâchée contre moi elle m'appelle de mon prénom suivi de mon nom.
10 décembre : Encore un bal tragique avec un mort à l'issue de la castagne entre bandes rivales. C'était quand même mieux avant à Colombey-les-deux-églises : il n'y avait pas de bagarre au moins. C'était moins la chienlit. Décidément rien ne va en ce moment. J’ai perdu ma première partie d'échecs de l'année : roqué trop tôt et eu peur de pousser c4 tout de suite dans un système de Londres avec Cc6.
11 décembre : Je suis allé traîner ma déprime au service des commandes. Je suis tombé sur Marie-Noëlle.
- Qu'est-ce que tu fais là ? ai-je demandé.
- Je fais tourner l'entreprise. Il faut bien ! Tu ne fiches plus rien ! Je reprends les choses en main.
- Tu vas faire la tournée toi-même, le 24 au soir ?
- Pourquoi pas ? Peut-être que la femme est l'avenir de l'homme, comme a dit le poète d' Hourra l'Oural ?
Je suis un être délicat je me suis abstenu de lui répondre par la citation d'un autre pseudo-poète qui a ajouté « et l'homme n'est l'avenir de rien ». Comme l'a demandé Gérard Larcher à Jean-Luc Mélenchon j'ai fermé ma gueule.
12 décembre : Non décidément je n'irai pas distribuer des cadeaux aux enfants de la Terre cette année. Trop d'assassins à tous les étages !
- Les minots n'y sont pour rien ! a commenté Marie-Noëlle.
- Et le harcèlement scolaire, tu en fais quoi ? Hitler et Mussolini aussi ont commencé petits !
- Sœur Teresa et sœur Emmanuelle aussi !
Je suis un être délicat. Je me suis abstenu de lui rappeler les gardiennes d'Auschwitz, Margaret Thatcher, la xénophobie de Georgia Meloni et de ses amies… Comme l'a demandé Georges Marchais à Jean-Pierre Elkabbach, je me suis tu.
13 décembre : Est-ce que ce n'était pas mieux "avent" quand ils n’avaient qu’un seul écran ? Est-ce que ça ne sera pas mieux « apprêt » quand les transhumanistes de Google seront venus à bout de cette foutue mortalité ?
Mon traîneau n'a rien répondu. Lequel de nous deux-il est en manque d’intelligence artificielle ?
14 décembre : Bouddha n'est pas libre le 24 au soir. Il participe à un tournoi d'échecs avec les dieux de l'Olympe. Bonne chance à lui avec tous les soupçons de triche qui pèsent sur Héphaïstos et avec cet imbécile d'Hermès ! Ça va encore dégénérer en baston comme dans l'histoire de Renaut et Bertholet à Charleville-Mézières !
15 décembre : Dans l'atelier de fabrique des cristaux de neige je n'ai même pas réussi à leur dire qu'il n'y aurait pas de tournée cette année ni à leur parler du réchauffement climatique. Ils avaient poussé la sono à fond. Elle diffusait « All i want for Christmas is my two front teeth ». Je suis un être délicat : je n'aime pas les dentistes.
16 décembre : Dans la famille de mon épouse on appelait Tino Rossi Tony Sirop. J'ai décidé de zapper cette année les deux lignes où l'on dit « Mais avant de partir il faudra bien te couvrir ». J'ai quand même lavé, séché et repassé ma vieille houppelande rouge. Je suis un être délicat qui prend soin de ses vêtements et refuse de consommer plus qu'il ne faut.
17 décembre : A la maison en général c'est mon épouse qui bricole. Elle a réparé la hotte aspirante.
- Ça me donne des idées pour améliorer la distribution de cadeaux, a-t-elle dit.
Je suis un être délicat : je me suis abstenu de lui répondre « Vas-y cocotte ! Descends faire la tournée d'enfer dans ce monde infernal ! Prends le Highway to Hell !
18 décembre : J'ai rendu visite à mes meilleurs amis, Dieu, Allah et Yahvé. Ils séjournent tous les trois aux Charmilles, un EHPPEDA de luxe (Etablissement Hospitalier Pour Personnes En Déprime Agggggravée). Ils s'ennuient, sont déçus comme moi de voir ce que les humains ont fait de leur discours de bonté, de partage et de tolérance. C'est dur d'être aimé et méprisé en même temps par des clowns sinistres.
- La seule chose qui nous fait encore rire, a dit Yahvé, c’est notre salutation du matin : « Comment vas-tu... yau de poêle et toi... le à matelas ? » !
- Je ne comprends pas ?
- Toi...le à matelas, Noël ! On est à l’EHPPEDA ! Multispire !
Ils regardent trop de publicités ancestrales dans cet établissement !
19 décembre : Encore un prof poignardé par un jeune malade mental au nom d'une religion. Je comprends que les dieux dépriment et se calembourrent le mou ! Et là-dessus moi je devrais aller distribuer des panoplies de GI Joe, des sabres laser et des jeux vidéos guerriers à des assassins en herbe ?
20 décembre : Le monde a perdu le nord. C'est pour ça que tous ces gens sont complètement à l'ouest.
21 décembre : Un représentant de Laponie Express S.A. est venu me proposer de faire livrer mes cadeaux par une escouade de cyclistes vêtus de noir circulant dans les rues à minuit sans lumière à leur vélo.
- Ça se fait beaucoup en ce moment, vous savez ! Vous n'avez pas besoin de salarier les livreurs, ils sont auto-entrepreneurs. Vous allez faire des gains de productivité énormes !
Je n'ai même pas pris le temps de lui expliquer qu'on faisait tout ça gratuitement ici. Je l'ai foutu dehors avec un bon coup de lattes dans l'arrière-train. Je suis un être délicat : je ne parle jamais de coup de pied dans le cul mais je déteste par-dessus tout les gens qui ne croient pas au Père Noël.
22 décembre : C'est la fièvre à l'écurie ! Les rennes sont tout excités à l'idée de revoir Notre-Dame de Paris sans sa flèche, New York sans ses tours jumelles, Beyrouth en ruine, Saint-François sans assises et Milan-San Remo. Les rennes ont un humour qu'on ne soupçonne pas.
23 décembre : L'Europe a prolongé de dix ans la permission d'utiliser du glyphosate et de faire rimer ce truc avec "cancer de la prostate". Je suis passé au service des commandes vérifier.
- Vous êtes bien sûrs qu’on ne livre plus de boîte du petit chimiste désormais ?
- Sûrs et certains, patron ! Mais ça tombe bien que vous passiez voir : on a un problème avec le petit Xi Jinpong : il a commandé un pangolin et une chauve-souris !
- En peluche ?
- Non, vivants !
24 décembre : Finalement Bouddha a laissé tomber le tournoi d'échecs et accepté mon invitation. Plutôt qu’une belote, on a fait un tarot à cinq. On s'est bien marrés jusqu'à ce que Dieu qui n'a fait que des gardes et les a toutes gagnées - trichait-il ? - me reproche de faire travailler ma femme pendant que je restais à la maison et ce à la veille d'un jour férié.
- C'est son choix, ai-je rétorqué, moi je voulais faire la grève totale cette année !
- C’est même son anchois ! a plaisanté Bouddha mais Dieu est resté imperturbable.
C'était la première fois de ma vie qu'on me traitait de maquereau et pour parfaire le tout il ne restait plus de vin blanc ! Comme ça a plombé l'ambiance ils ont remis leur manteau, ils sont rentrés chez eux et je me suis mis au lit : il n'était même pas minuit !
25 décembre :
- Alors comment ça s'est passé ?
- Très, très bien ! Je suis très contente de mon innovation !
- Tu as innové quoi ?
- J'ai distribué les cadeaux des garçons aux filles et les cadeaux destinés aux filles aux garçons !
- ???
- Ça ne sera pas pire qu'avant de toute façon !
Je suis un être délicat. Je ne le lui ai pas dit mais ma femme m'étonnera toujours et je crois que je l'aime de plus en plus avec le temps. Je ne le lui ai pas dit alors je le lui écris. Il faut juste que je pense à lui transmettre ma lettre, à la Mère Noël !
***
- Alors ? Qu'est-ce que tu en penses, Grand-père ?
- Époustouflant, ma petite Juliette ! Tu as un style, un style très particulier ! Tu écris très bien ! Continue, tu iras loin !
- Poisson de décembre, grand-père ! Je l'ai fait rédiger par ChatGPT, mon conte de Noël !
Joe Krapov est poète, humoriste (?), musicien à ses heures et photographe à seize heures trente. On trouvera ici un choix de ses productions dans ces différents domaines.